27 mai 2012

Seattle, le début d'une lutte sans fin


Décembre 1999 : Seattle « invente » l’altermondialisme

50 000 manifestants en Novembre 1999 contre l'organisation mondiale du commerce


Le 30 novembre 1999, le sommet de l’Organisation mondiale du commerce à Seattle, sur le littoral pacifique, est bloqué par des milliers de militantes et de militantes. L’impact de ces manifestations et blocages de rue rapidement baptisés « bataille » de Seattle par les médias, est énorme : ils sont la preuve de la pertinence de la stratégie d’action directe. Les forces de répression états-uniennes sont dépassées, malgré l’instauration de l’état d’urgence et d’un couvre-feu. Le blocage est un aussi un coup de tonnerre médiatique qui met le mouvement « antimondialiste » à la une. La contestation du capitalisme devient un phénomène incontestable. Un nouveau cycle de mobilisation internationale, ciblant spécifiquement la « mondialisation » capitaliste, est ouvert.


Si la réussite du blocage est nouvelle et si la méthode renoue avec une tradition d’action directe un peu oubliée, Seattle a en fait été précédé de quelques grandes mobilisations transnationales. Parmi les plus significatives on peut citer les Rencontres intergalactiques contre le néolibéralisme et pour l’humanité, organisées par les zapatistes mexicains en 1996 ; les Marches européennes contre le chômage et la précarité en 1994, 1997 et 1999 ; ou encore la grande manifestation contre le G7 de Lyon en 1996. Le constat que la politique ne se fait plus uniquement dans le cadre national obligeait déjà les mouvements de divers pays à collaborer dans des mobilisations communes.


Seattle va également redéfinir les priorités militantes à gauche et à l’extrême gauche. La majorité des organisations anticapitalistes en tirent la conclusion que s’il est possible de bloquer les institutions capitalistes par ce type de mobilisation, alors ça doit devenir une priorité. Il est vrai que le mouvement amène aussi au militantisme une nouvelle génération, attirée par les « paillettes » de contre-sommets ponctuels plus « glamour » que la lutte des classes au quotidien. Il oblige aussi des organisations à travailler ensemble alors qu’elles n’en avaient pas l’habitude.

Les mobilisations internationales ne sont pas terminées. La nécessité de mener les luttes à cet échelon reste une évidence. Les fleurs semées par Seattle continuent à éclore. Mais leur parfum n’est plus le même. L’altermondialisme, pris dans une sorte de routine, ne mobilise plus aussi largement – en tout cas en Occident.
À trop chercher à « reproduire Seattle », on a perdu de vue ce qui avait fait son succès : l’inventivité, le caractère imprévisible, l’innovation spontanée. Et Seattle reste, pour le coup, la plus grande et la plus éclatante victoire du mouvement altermondialiste parce que les pouvoirs se sont organisés pour empêcher qu’une telle claque ne se reproduise.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire